Pangender : définition et nuances de cette identité de genre

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Il y a des mots qui dérangent, des identités qui déjouent la logique des cases. Pangender, c’est la note imprévisible qui refuse d’obéir à la partition : une identité multiforme, mouvante, qui se joue du binaire et s’invente un espace sans frontières, là où le masculin et le féminin s’entremêlent et se répondent, parfois tous à la fois.

Parfois, la grille traditionnelle du genre rétrécit soudain, comme un vêtement trop ajusté. Pangender élargit le terrain de jeu : chaque jour, chaque instant, le genre se réinvente, se multiplie, se décline sous des aspects inattendus, parfois simultanément. Il y a là une invitation à repenser ce que l’on croyait acquis, à explorer un champ immense où l’évidence s’efface au profit de l’inédit.

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Comprendre le concept pangender : une identité au-delà des catégories traditionnelles

Le mot pangender s’impose aujourd’hui dans le paysage changeant des identités de genre. Il décrit l’expérience de celles et ceux qui se reconnaissent dans la totalité – ou une large part – des genres, sans s’arrêter à la frontière du masculin ou du féminin. Contrairement au genre binaire, qui exige de choisir un camp, la personne pangender traverse toutes les nuances du spectre, brouillant les codes établis.

Le pangender ne se contente pas d’être non-binaire. C’est une revendication de pluralité, une présence de plusieurs genres qui peuvent coexister ou alterner. À la différence de l’omnigenre – qui cherche à englober tous les genres sans exception – ou du genre fluide – qui navigue d’un genre à l’autre au fil du temps –, l’identité pangender s’affirme par la simultanéité et la profusion.

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  • Le drapeau pangender, avec ses bandes roses, jaunes et vertes, incarne à lui seul la diversité et la volonté d’inclure l’ensemble des identités de genre.
  • Les pronoms sont à l’image de cette pluralité : certain·e·s s’orientent vers le neutre, d’autres adaptent selon le contexte, traduisant la richesse de leur vécu.

La réalité pangender ne se résume ni à des critères biologiques, ni à des attributs physiques. C’est d’abord une manière de se situer, une sensation profonde, intime, qui remet en cause la vieille opposition homme/femme. Cette notion s’ancre dans une dynamique sociale et politique qui réclame la reconnaissance de toutes les expressions de genre, sans se laisser enfermer dans les cadres de la biologie ou des normes héritées.

Quelles différences avec les autres identités de genre non binaires ?

Difficile parfois de s’y retrouver dans la mosaïque des identités non-binaires : le pangender se distingue par son désir d’embrasser plusieurs genres à la fois, là où d’autres se concentrent sur une expérience précise ou fluctuent d’un genre à l’autre.

  • L’agenre rejette toute affiliation à un genre, là où la personne pangender revendique une accumulation, une profusion de genres.
  • L’androgyne mêle masculin et féminin, sans forcément explorer d’autres possibles du spectre.
  • Le genre fluide change au fil du temps, mais ne cumule pas nécessairement plusieurs genres à la fois comme le fait l’identité pangender.

La confusion entre identité de genre et orientation sexuelle a la peau dure. Or, la première traduit un sentiment d’appartenance à un ou plusieurs genres, tandis que la seconde concerne l’attirance sexuelle ou amoureuse. Une personne pangender peut se reconnaître dans toute orientation : pansexuelle, bisexuelle, ou toute autre.

En France, depuis le xxie siècle, un mouvement transféministe émerge, qui secoue les repères traditionnels du genre et de la sexualité. Héritières des combats de la troisième vague des féminismes, ces démarches élargissent la visibilité des expériences trans et non-binaires. Les récits se font plus nombreux, les revendications plus audibles, obligeant la société à ouvrir les yeux sur cette diversité longtemps ignorée.

identité genre

Pangender au quotidien : témoignages, défis et reconnaissance sociale

Quotidiennement, croiser la route d’une personne pangender en France, c’est souvent assister à une scène de malentendu ou d’interrogation. Alex, 28 ans, a l’habitude : « On m’interroge sur mon choix, comme si être non-binaire devait suffire. Pour moi, c’est vivre plusieurs genres en même temps, et pas tour à tour. » Ce foisonnement d’identités, de pronoms, peut compliquer les interactions, surtout dans le monde du travail où la logique binaire fait encore loi.

Les obstacles s’enchaînent :

  • Les pronoms (il, elle, iel, ou créations nouvelles) peinent à être reconnus dans les démarches administratives
  • La mention sexe sur les papiers officiels enferme toujours dans une case
  • Peu de formations pour les professionnel·le·s de la santé, de l’éducation ou du social

Karine Espineira, sociologue, souligne dans les Presses universitaires de Rennes que la montée en visibilité des identités pangender attise débats et tensions, parfois même au sein des mouvements trans ou LGBT+. Le dialogue s’amorce, timidement, grâce à des médias engagés et à des collectifs qui relaient leurs histoires, leurs combats.

Le débat reste vif. La France oscille encore entre regards méfiants et élans d’ouverture, entre défense acharnée des anciens repères et volonté d’accueillir toutes les nuances du spectre. Les certitudes vacillent, de nouveaux horizons se dessinent. Et si, finalement, le genre n’était qu’un vaste terrain de jeu à explorer sans crainte ?