
Un smartphone qui se gorge d’énergie sous un rayon de soleil, un train lancé à pleine vitesse, tracté par le souffle invisible du vent. Ces images, il y a vingt ans, auraient paru relever de la science-fiction. Aujourd’hui, elles tracent le portrait d’une planète en pleine métamorphose énergétique.
Derrière l’essor spectaculaire des technologies vertes, une question titille les esprits : quelle énergie renouvelable s’impose vraiment, loin des slogans et des habitudes ? Certains défendent la force tranquille des rivières canalisées, d’autres célèbrent la montée en puissance du solaire ou l’audace de l’éolien. Mais la réalité, souvent plus nuancée qu’il n’y paraît, remet les pendules à l’heure.
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Plan de l'article
Panorama mondial des énergies renouvelables : où en est-on aujourd’hui ?
Face à l’urgence climatique, la production mondiale d’électricité opère une mutation à grande vitesse. D’après l’agence internationale de l’énergie, près de 30 % de l’électricité produite sur la planète en 2023 provenait de sources renouvelables. Ce n’est pas une goutte d’eau dans l’océan : cette évolution marque une véritable inflexion dans le mix énergétique mondial, même si charbon, pétrole et gaz dominent encore la consommation finale d’énergie.
La place des sources d’énergie renouvelable varie selon les continents, dessinant une géographie contrastée :
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- En Union européenne, plus de 40 % de l’électricité puise son origine dans le renouvelable, grâce à l’essor de l’éolien et du solaire.
- En Asie, l’hydroélectricité occupe le haut du pavé, portée par les géants chinois et indiens.
- En Amérique du Sud, certains pays misent presque tout sur l’hydroélectrique, qui peut assurer jusqu’à 80 % de leur électricité.
Pourtant, au niveau mondial, charbon, pétrole et gaz naturel continuent d’alimenter la majorité de la consommation d’énergie. Les renouvelables avancent à grands pas, mais restent en retrait sur la totalité de la production mondiale d’énergie. Il faut tout de même noter que les marchés des énergies renouvelables enregistrent une croissance qui pulvérise les records depuis cinq ans, selon les dernières analyses des instituts spécialisés.
Cette croissance s’accompagne de défis de taille : comment gérer l’intermittence du vent et du soleil, où stocker l’énergie produite, comment financer les infrastructures, ou encore adapter des réseaux électriques parfois vieillissants ? La transition se joue à plusieurs vitesses, révélant des écarts marqués d’un continent à l’autre.
Quelle source d’énergie verte domine réellement la planète ?
Quand il s’agit de production d’électricité renouvelable à l’échelle mondiale, une source s’impose sans partage : l’hydroélectricité. Les chiffres sont sans appel : plus de 60 % de l’électricité verte produite dans le monde provient de barrages, grands ou petits. Cette domination découle d’une capacité installée colossale, héritée parfois du siècle dernier, et présente sur tous les continents. En 2023, plus de 4 300 TWh d’électricité ont été générés par l’eau en mouvement, de quoi alimenter des dizaines de pays entiers.
La biomasse s’installe en deuxième position, mais loin derrière l’hydroélectrique. Solaire et éolien, malgré leur progression fulgurante, restent encore en queue de peloton. Le solaire photovoltaïque, par exemple, double sa production tous les quatre ans : prometteur, mais il ne pèse aujourd’hui que 6 à 7 % de la production renouvelable mondiale. L’éolien, lui, atteint à peine 9 %.
- L’hydroélectricité : 60 % de la production verte mondiale
- L’éolien : 9 %
- Le solaire photovoltaïque : 7 %
- La biomasse : 20 %
C’est aussi grâce à sa capacité à fournir une énergie stable, pilotable, que l’hydroélectricité conserve sa première place. Solaire et éolien, tributaires du temps qu’il fait, peinent à offrir la même fiabilité. Pourtant, la montée en puissance de ces deux filières bouleverse peu à peu la donne, sous l’effet de politiques publiques ambitieuses, d’une baisse continue des coûts et d’une volonté grandissante de tourner la page du charbon et du gaz naturel dans la production d’électricité.
Hydroélectricité, solaire, éolien : pourquoi la hiérarchie mondiale évolue
La hiérarchie des énergies renouvelables n’est plus figée. Si l’hydroélectricité règne encore en maître sur la production mondiale, les lignes bougent vite, portées par les nouvelles technologies et des marchés transformés.
La percée du solaire photovoltaïque et de l’éolien s’explique par plusieurs leviers :
- Une chute spectaculaire des coûts, qui démocratise ces solutions sur tous les continents, y compris là où l’électricité reste un luxe.
- Une pression réglementaire constante pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, accélérant la sortie du charbon et du gaz naturel.
- L’émergence de batteries et de réseaux intelligents, qui rendent moins pénalisante l’intermittence des énergies solaire et éolienne.
- Une mobilisation croissante de l’Union européenne, de la Chine ou des États-Unis pour réduire la consommation d’énergie fossile.
Face à ces évolutions, les villes cherchent des solutions qui n’empiètent pas, ou moins, sur les écosystèmes locaux. L’hydroélectricité, bien qu’efficace, nécessite souvent des aménagements massifs, de plus en plus contestés pour leur impact social et environnemental.
La part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie grimpe sans relâche. Selon l’agence internationale de l’énergie, les énergies propres assureront près de la moitié de la croissance de la production mondiale d’électricité d’ici 2028. Le solaire, en particulier, s’apprête à doubler sa capacité installée en moins de cinq ans, un bouleversement qui redistribue les cartes et rebat les alliances énergétiques.
La transition s’accélère. L’innovation bouscule la donne, les politiques climatiques redessinent les priorités. Le centre de gravité énergétique glisse, lentement mais sûrement, vers de nouveaux horizons. Face à ce paysage mouvant, une certitude : la prochaine décennie ne ressemblera à aucune autre.